Koenigsegg : l’incroyable réussite d’un danois


Il faut une sacrée dose d’insouciance et d’abnégation pour imaginer créer une marque automobile à la fin des années 90. Si on rajoute que le pays d’implantation est la Suède, que le marché visé est celui des supercars et que le nom retenu pour la marque n’est autre que le nom du fondateur, à la fois difficilement orthographiable et imprononçable, on n’a finalement que très peu d’ingrédients pour un projet réussi.

Il fallait donc être fou ou très visionnaire pour débuter cette aventure. Cela tombe très bien car Christian Von Koenigsegg fait partie de ces personnes. A l’âge où l’on commence à sortir de l’enseignement supérieur, notre individu pose les bases d’une marque qui deviendra au fil du temps une référence dans le domaine des supercars.

Au Mondial de l’Automobile 2002, en voyant Koeniggsegg sur son stand au côté de la CC8, on ne pouvait pas imaginer qu’une décennie plus tard, la marque ferait partie des références continuellement citées lorsque l’on parle de voitures les plus rapides. En toute franchise, je n’aurais pas parié beaucoup sur la longévité de cette marque.
C’était une erreur car 18 ans plus tard, les records se sont accumulés sur l’étagère, comme les victoires pour Lewis Hamilton. La marque s’est en effet spécialisée dans les records de vitesse et se tire la bourre avec Bugatti.
Elle est toujours à date la voiture de série la plus rapide et dispute ce privilège à Bugatti depuis 2005. Voici les détails pour ceux qui apprécient :

2005 : Record du 28 Février par la Koenigsegg CCR à 387,87 km/h
2005 : Record du 19 avril par la Bugatti Veyron EB 16.4 à 408,47 km/h
2008 : Record du 0-300-0 km/h en 29 sec pour la CCX
2010 : Record du 2 Juillet par la Bugatti Veyron Supersport à 431,07 km/h
2011 : Record du 0-300-0 km/h en 21,9 sec pour l’AGERA
2017 : Record du 4 Novembre par la Koenigsegg Agera RS à 447 km/h
2017 : Record du 0-400-0 km/h par la Bugatti Chiron en 41,96 sec
2017 : Record du 0-400-0 km/h par la Koenigsegg Agera RS en 33,29 sec
2019 : Record du 0-400-0 km/h par la Koenigsegg Regera en 31,49 sec

Jusque-là, on ne peut qu’être impressionné par cette destinée incroyable mais si on s’attarde un peu, on découvre que Christian n’est pas issu d’un milieu lambda. Son père est un entrepreneur ayant réussi, membre de l’establishement Suédois, qui n’a pas hésité à financer les débuts, accompagné également par un tycoon norvégien, Baard Eker. On comprend dés lors mieux pourquoi et comment Koenigsegg s’est porté sur la liste des repreneurs de Saab.
Ces aides ont certainement contribué à accéder aux financements nécessaires à la mise en production du premier modèle, la CC, huit ans après sa première présentation. D’ailleurs, Christian Von Koenigsegg ne s’en cache pas car il a donné à sa dernière création le prénom de son père.

Revenons au commencement de cette courte aventure par le premier modèle, véritable socle ayant permis de construire la route vers la reconnaissance. La CC8 va connaitre un certain nombre d’itérations, un peu à la manière de Pagani avec sa Zonda.

Retraçons les différents modèles de la marque qui aura produit moins de 200 exemplaires depuis 2004.
Il faut garder à l’esprit que la production entre 10 et 20 voitures par an et dispose d’un effectif inférieur à 100 personnes.  C’est une toute petite échoppe, qui se positionne dans l’ultra haut de gamme. Les prix de vente ont d’ailleurs tendance à exploser puisqu’une CC8S était proposée neuve à moins de 400.000 € en 2004, soit 440.000 € en 2019 alors que la Jesko débute à 2.5 M€.

Il y a trois éléments caractéristiques de Koenigsegg, que l’on ne retrouve que sur cette marque :
– le système d’ouverture des portes en élytre
– le pare-brise bombé
– biplace équipé d’un panneau de toit amovible

2002 – 2004 : CC8S

C’est le premier modèle de la firme qui apparait après la présentation de plusieurs prototypes. Produit en six exemplaires, il est propulsé par un moteur V8 d’origine Ford de 4.8l développant 655 chevaux avec un couple maximal de 750 Nm. Ce moteur a été largement retravaillé dans le but d’un allégement maximum. C’est d’ailleurs grâce à ce poids contenu, la CC8 affichant un poids à vide de 1 100 kilos grâce à sa carrosserie à base de Kevlar et de fibre de carbone, que ce premier modèle est capable d’abattre le 0 à 100 km/h en 3,2 secondes et d’avoir une Vmax de 390 km/h.
L’ADN de la marque est

2004 – 2006 : CCR
Nouvelle itération de l’unique modèle de la marque, à l’image de ce que propose Pagani avec la Zonda. Cela permet de faire une actualité sans nouveau modèle. Cette version améliore les performances puisque d’un côté, le moteur, à la cylindrée inchangée, produit désormais 806 ch et de l’autre, des améliorations aéro avec l’apparition d’un aileron,  d’un nouveau spoiler, de jantes et freins plus grands. Le dessin se virilise, dénaturant un peu la fluidité du premier modèle. Ce sera finalement celui-ci qui aura le plus de valeur, à l’instar de la Countach.
La production surpasse un peu la précédente avec 14 modèles recensés.
Les 2 annonces de CCRhttps://bit.ly/33EuUE9

2006 – 2010 : CCX
Cette nouvelle version bénéficie pour la première fois d’un programme de simulation avec des outils 3D. La grande nouveauté touche la mise aux normes US car la voiture va pouvoir trouver des clients dans le plus grand marché du monde. Elle est plus large, le toit rehaussé et tout le système électrique devient digital.
Cette fois, la puissance est portée à 888 ch.
Les 3 annonces de CCX : https://bit.ly/2He4CyS

2007 – 2010  : CCXR
Il s’agit toujours du même moteur mais l’astuce vient de l’utilisation d’un carburant spécial, le bioéthanol (E85) qui permet d’annoncer 1.018 ch et un couple phénoménal de 1.100 Nm.
Du coup, elle devient la première supercar « verte » et les performances ne sont pas en reste. le 0 à 100 km/h est expédié en 2.9 secondes et la vitesse de pointe dépasse les 400 km/h.
La CCXR a servi de base à une version ultra limitée (3 exemplaires), la TREVITA. Elle bénéficie d’un traitement particulier du carbone qui n’est plus noir comme habituellement mais qui présente des reflets diamantés, surtout quand la voiture est en plein soleil.
Floyd Mayweather fut l’illustre propriétaire de l’unique modèle destiné au marché US mais il a revendu la bête 2 ans après son acquisition avec une moins-value de 2.6 M$
Les 2 annonces de CCXR : https://bit.ly/2MlSO1T

2010 – 2013 : AGERA
On prend le même (moteur) qui est poussé à 960 ch. On améliore l’intérieur, tant dans l’ergonomie que dans la présentation avec notamment l’apparition du désormais fameux logo « fantôme ».
Les 4 annonceshttps://bit.ly/2MmQrfk

2011 – 2014 : AGERA R
Pour la première fois, une Koenigsegg franchit la barre symbolique des 1.000 ch avec 1.115. Ce « nouveau » modèle recçoit également de nouveau éléments aéros.
Les 2 annonceshttps://bit.ly/2TJdz8r

2012 – 2014 : AGERA S (hundra)
Cette version a du être proposée sur les marchés qui ne propose pas l’E85 afin de maintenir le niveau de performance. Elle fut produit en 5 exemplaires.

2014 : THE ONE:1

C’est la version ultime de la lignée Agera. Son nom vient du 1 Megawatt, puissance qu’elle est la seule voiture de route homologuée à proposer. Le ratio est donc de 1 kg pour 1 cheval, jamais vue auparavant.

2015 à aujourd’hui : REGERA

Et oui, la fée électricité s’invite aussi chez Koenigsegg. Les années passent et la marque ne cesse de développer les performances de ses supercars. La Regera devient donc logiquement le modèle le plus puissant et techniquement développé car il s’agit d’un modèle hybride.  On retrouve toujours le bon vieux V8 biturbo, développant 1 100 chevaux, mais aussi plusieurs moteurs électriques. Deux pour la propulsion, cumulant 490 ch et un qui sert de générateur et charger la batterie. Le plus surprenant est que cette hypercar fait l’impasse sur la boite de vitesse.
Le poids ainsi économisé a permis d’installer une batterie fournie par Rimac (tiens donc !). Ce sont les moteurs électriques qui se chargent de faire démarrer la voiture et l’amener à une vitesse à le moteur thermique prend le relais.
Il faut enfin noter que pour la première fois, l’habitacle profite d’un traitement plus luxueux qu’avant avec notamment un
écran vertical de 9 pouces, connectivité 4G, Wi-Fi…
La production est prévue pour atteindre 80 exemplaires.
Les 4 annonces de Regerahttps://bit.ly/2OZ8Q3T

2019 : JESKO

Ce nouveau modèle, qui remplace l’Agera mais complète le catalogue aux cotés de la Regera, s’inscrit comme le modèle haute performance. Il va permettre à Koenigsegg d’aller chercher de plus grands volumes de fabrication puisqu’il a été annoncé 125 exemplaires et quelques versions spécifiques en plus.
Elle est en quelque sorte l’aboutissement des travaux menés par le constructeur sur l’aérodynamique et la puissance qui est annoncée à 1.280 ch en standard et plus de 1.600 avec l’aide de l’E85. Elle est également dotée d’une boite à 9 vitesses et sept embrayages pour des vitesses de passage stratosphérique.
Elle a pour mission de battre le record de vitesse en tutoyant les 500 km/h.
Les 2 annonces de Jeskohttps://bit.ly/2YRra3k

Christian Von Koenigsegg a réussi son pari d’installer sa marque dans le paysage ultra exclusif des hypercars. Son positionnement est clair, ses produits font l’objet d’un véritable plébiscite de la part de certains et il n’est pas rare de trouver au moins l’un de ses modèles dans les plus belles collections mondiales, au coté des Ferrari, Bugatti, Lamborghini, etc…

La prochaine décennie va néanmoins être un tournant important pour voir comment le virage de l’électrification sera abordé. Ferrari a fait mal en présentant sa SF90 à moins de 500.000 €, la prochaine Tesla Roasdster annonce des performances ahurissantes dans le même segment de prix. Compte tenu de la taille de la manufacture Koenigsegg, le pari à relever est important.

2020 : Gemera

Encore une fois, le constructeur innove avec ce modèle qui n’est rien d’autre qu’une supercar familiale. La Gemera propose en effet quatre places, aisément accessible même pour des adultes grâce à ses grandes portes à ouverture en élytre permettent d’accéder à l’arrière sans déplacer les sièges avant.
L’étonnement ne s’arrête pas là car ce modèle se veut être efficient puisque disposant pas moins de quatre moteurs : un thermique et trois électriques. Le thermique n’est pas ce que l’on pourrait attendre d’une supercar, même à 4 places puisqu’il s’agit d’un trois cylindres essence sans arbre à cames de 1 988 cm3 placé en position centrale arrière et entraîne les roues avant. Baptisé Tiny Friendly Giant (TFG) par le constructeur, il développe 600 ch et 600 Nm de couple.
L’ensemble motopropulseur fournit une puissance combinée de 1 700 ch

2022 : CC850


Ce modèle n’est pas à proprement parlé nouveau car il s’agit d’une ré-interprétation de la CC8S pour célébrer les 20 ans de Koenigsegg et les 50 ans de son patron.
Au programme, une sacrée cure de vitamines avec 1363 chevaux et une boite révolutionnaire. En effet, le conducteur a le choix entre une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports, avec une pédale d’embrayage, et une boîte de vitesses entièrement automatique avec des changements de rapports ultra-rapides et sans frottement.
Un bijou de technologie limité à 50 exemplaires.

Découvrez les 21 annonces de Koenigesgg : https://bit.ly/33w9A3K

3 réflexions sur « Koenigsegg : l’incroyable réussite d’un danois »

  1. la plus ancienne manufacture d’automobiles du monde…c’est Hautsch..1649…on en fabrique toujours…avec de puissants ressorts acier au silicium..35 kms d’autonomie…sans pétrole.. sans électricité.. avec une accélération comparable à la Koenigsegg…c’est un rappel…!

    1. « sans pétrole et sans électricité », il faut bien le retendre le ressort, après 35Km. Il ne sert que d’accumulateur d’énergie, comme une batterie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *